drain |cs075

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[...] More of the same two Rodrigues is on a disc with Mathieu Werchowski, who also plays violin. This disc is unmistakably more quieter and thus serves as a good chill party after the previous two, but to be honest I must say it's also less interesting. The music didn't grab me that much, and seemed to have a little less tension in it than the previous two. It's not bad at all, but some of the curves taking are a bit too long. Frans de Waard (Vital)

Despite the standard string trio line-up (Mathieu Werchowski on violin, Ernesto Rodrigues on viola and his son Guilherme on cello) this is a sweetly uncommon outing. On "Graduation" conventional string playing is shredded into a swarm of disemboweled, frictional harmonics, with continuous ghostly bowed whistling counterpointed by wooden encounters of the nth kind, extracurricular spring boinging and all manner of percussive clatter. It's a sort of tiny superdense instant revolution destined to fail within minutes, a DIY deconstruction of polyphony disguised as small-scale industrial clangour. After the stop-start charges, scrambled Morse code and queasy glissando traffic jams of "Light", "Metaphor" begins with icy scraping – sort of Hans Reichel meets Radu Malfatti – then walks on a bounce-and-resonate tightrope, saturating the acoustic space with throbbing hums, hyperactive chattering and spicy dissonant pizzicati. A truly orchestral hysteria sets in, the players totally possessed by a Webernesque St.Vitus' Dance before they return to picking, plucking and bumping. I'm wondering if I should have this played at my funeral, especially that fabulous concluding descending cascade. "Solitude" mixes Hitchcock and Jon Rose, shining like bleached bones in the desert, forcing the attention on substances that are barely perceivable on first listening, but in fact form the very skeleton of these awkward miniatures. Everything is just perfect. Massimo Ricci (Paris Transatlantic)

Détournement majeur de cordes. Frottements, feulements et grincements anémiés, sédiments entropiques. Quelque chose gratte de l’intérieur, pour sortir, échapper à la paralysie. De plus en plus. Picotements anarchiques, névrotiques, acharnés, autistes. Chaque plage, aux irruptions sonores disparates, est néanmoins soudée, d’un bloc, comme les bruits que feraient les branches liées, l’une contre l’autre par le vent, fagot attaché à une toile de Kiefer. Disparates mais solidaires, liés dans une même condition. Une dynamique se met en marche, une drôle de machine. Le courant recommence à passer, à irriguer les cordes et les archets, avec peine. Cette dynamique presque matérielle, tellement les sons sont appuyés et physiques, est prenante, tient lieu de nouvelle organisation sonore, remplace, par exemple, la mélodie. Plutôt, on se trouve dans une musique qui n’en a plus besoin. La musicalité passe autrement, par les bords, par les fissures du non-musical. Je trouve à l’intérieur de cette esthétique qui exploite le rebut et le rebutant, le rebrousse-poil auditif, qui exige de s’accrocher, une puissance et une beauté actuelles. Ça parle et c’est si rare. Et dans la manière de faire de ce trio il y a une fraîcheur pas courante, comme s’il défrichait de nouveaux territoires. Ce n’est pas tout à fait exact, la nouveauté n’est pas absolue, mais le ton est personnel, neuf, et il y a la fougue et la conviction qui donnent l’impression du neuf. Pierre Hemptinne (La Médiathèque)

Close quarter observation of string trio exploiting the various extended textural possibilities. Out of a concern with typological sonic organisation, the sound beads are threaded through imitative responses, common vocabularies allowing to shift between tone colour and timbric choices. Pedro Lopez (Modisti)

Trio de cordes classe et sérieux, un lyrisme négatif pour une musique de chambre bruitiste, ample et aérienne. Et une pochette à l'austérité digne de celles du label ECM. Jerôme Noetinger (Metamkine)

Para o final voltamos a uma formação mais concisa: Ernesto Rodrigues na viola, Guilherme Rodrigues ao violoncelo e o convidado Mathieu Werchowski no violino. Este trio de cordofones clássicos constrói na invulgar abordagem à instrumentação uma experimentação constante, assente num jogo de interacção e entendimento. Pela abordagem rara, pela sucessão de encadeamentos, a primeira parte da faixa número 2 (“Light”) chega até a relembrar o free jazz - Leroy Jenkins, Billy Bang. Despido de conceptualizações, este é um documento onde a técnica está mais presente que nunca, explorada e extremada na improvisação (unicamente) acústica. Caso fosse necessário ainda mais algum testemunho, esta mais recente edição Creative Sources seria um excelente exemplo representativo de um enorme trabalho e uma grande mostra de criatividade. Nuno Catarino (Bodyspace)

Cette semaine, j'ai reçu d'Ernesto Rodrigues une bonne dizaine de disques publiés par son label, donc autant vous dire que vous allez en bouffer ces prochains temps. Je pense les chroniquer par ordre chronologique, donc je commence par Drain, un disque publié en 2006 sur lequel on trouve Ernesto au violon alto, Mathieu Werchowski au violon, et Guilherme Rodrigues au violoncelle.

Je n'avais pas écouté ce disque depuis un bon bout de temps, et je me suis vite rendu compte de son caractère inimitable et de sa profonde singularité. A partir d'une formation instrumentale classique, Werchowski et les Rodrigues déploient et explosent les possibilités sonores de cette forme de trio. Les cordes sont pincées, frottées, raclées, caressées, tapotées, brutalisées, tandis que l'étendue atteint les lourds et ronds abysses du violoncelle aussi facilement que les harmoniques les plus stridentes du violon. Explosion de techniques étendues, mais aussi de modes de jeux, qui peuvent passer d'un instant à l'autre d'une forme mélodique ou rythmique à une forme purement bruitiste et timbrale, ainsi qu'à des bourdons ou à des formes percussives.

Ceci-dit, les cordes frottées sont des instruments qui ont déjà été explorés dans tous les sens, à commencer par la musique savante, et ce notamment dans les années 60. Mais ce qui fait que Drain reste encore mémorable et digne d'intérêt cinq ans après sa publication, ce sont surtout les interactions qu'il déploie entre les trois musiciens. Et l'interaction, tout comme les dynamiques, est ce qui semble avoir le plus préoccupé ce trio lors de ces quatre improvisations, plus que l'exploration des instruments à proprement parler. Rodrigues père et fils, et Werchowski, ont su produire des textures extrêmement denses et intenses, des nappes pleines de tension et d'énergie, des nappes constamment mouvantes dont l'évolution est imprévisible (était-ce seulement prévisible pour les musiciens? rien n'est moins sûr). De manière générale, le son est assez homogène, les timbres se rejoignent, mais tout en se frottant, ou en se repoussant, ce qui fait que chaque instrumentiste se distingue clairement au sein d'un son plutôt globalisant. L'Individu au service de la communauté sonore en quelque sorte, les personnalités s'affirment dans leur singularité tout en se soustrayant à l'évolution du groupe. Ce qui fait des différentes textures explorées des univers singuliers où les tensions entre les instruments et les sons se résolvent dans la parfaite cohésion de cette communauté sonore.

En bref, Drain rassemble quatre improvisations étonnamment denses et intenses, mais surtout débordantes d'énergie et de tension. Tension qui se résout comme je le disais dans la cohésion du son collectif; tandis que l'énergie de chacun est quant à elle exacerbée par la communauté des sons. Un disque puissant et original, extrêmement riche tant au niveau des timbres que des compositions de sons, car l'interaction possède ici comme une vertu émancipatrice et exaltante. Hautement recommandé! hjulien (ImprovShere)

En compagnie du violoniste Mathieu Werchowski, Ernesto et Guilherme Rodrigues augmentent leur œuvre improvisé d’une référence. Drain, la référence en question, est faite de mouvements d’archets contradictoires, de pas de deux et de trois pas effrayés par les parasites, de réactions des cordes aux assauts des mains gauches. Bientôt, les flèches décochées ont raison des bois, qui grincent avant d’expirer. Guillaume Belhomme (Le Son du Grisli)

Graduation, la première plage est un remarquable exercice vibratoire des sons les plus ténus qui mène à un lent glissando expressif. Ce trio, où on distingue clairement les sons de chaque instrument sans trop savoir lequel, est dans le prolongement des albums de l’année 2002 d’Ernesto et Guilherme Rodrigues. Sudden Music (CS 002), Ficta (CS 005), Assemblage (CS 007) et le quartet de cordes de Contre Plongée (CS 011- 2003) mettaient en valeur les attaques très particulières des cordes du violon et du violoncelle jusqu’au bord du silence. Un son sec, toute la gamme des col legno, coll’arco (sous tous les angles), sul ponticello, sul tasto, avec la mèche, saltellato, battuto, des pinçages, piquements, frottages, harmoniques, l’étirement du son vers un aigu inouï, crissant, évocation du travail des boisselleries dans un atelier d’ébénistes sadiques. Le violon est préparé sur la touche, les cordes vibrent peu, l’archet frotte la pique, les clés, le chevalet, les cordes « avant » les doigts sur la touche. Le ventre de l’instrument crie ou murmure. Une approche sonore inspirée de la musique électronique, reproduisant ses nuances spécifiques. Drain, c’est la quintessence de l’art des Rodrigues illuminé par des pointes de lyrisme (Mathieu Werchowski ?). J’ai toujours le sentiment que les instruments à cordes de la famille des violons se révèlent mieux leur nature profonde qu’en restant entre eux. Drain le conforte une fois de plus. Le très beau Light transite depuis les vitesses concurrentes de chacun à travers des frottements ralentis à l’unisson. Dans la galaxie des improvisateurs radicaux éclairés par l’ex-réductionnisme de Berlin (Axel Dörner, Burkhard Beins), l’ex-London New Silence (Rhodri Davies, Mark Wastell, Phil Durrant), la personnalité de Radu Malfatti et la quartertone trumpet de Franz Hautzinger, Ernesto et Guilherme Rodrigues sont des personnalités de choix et cet album en est une excellente illustration. Ernesto a une longue expérience de la musique contemporaine qui l’a mené à l’improvisation totale. Il en découle une véritable réflexion esthétique. Bien qu’ils aient des idées et une approche très pointues, les deux Rodrigues s’adaptent avec une véritable ouverture à la musique d’autres improvisateurs. C’est manifeste dans Drain où leurs manipulations bruitistes s’ouvrent naturellement à la personnalité de Mathieu Werchowski. En considérant l’évolution de la musique d’Ernesto Rodrigues et de sa fratrie à travers les compacts Creative Sources, on peut dire que Drain, leur dernier, est tout à fait bienvenu. Ce serait aussi la meilleure introduction à l’univers de nos deux cordistes portugais pour ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion de les découvrir. Jean-Michel Van Schouwburg (orynx-improvandsounds)